Comment se reconstruire après un traumatisme: les 10 composantes qui facilitent la résilience

Je vais te partager le résumé d’un petit guide écrit par le docteur en psychologie Jacques Lecomte sur la résilience.

Avant tout, qu’est-ce que la résilience ?

Voici la définition qu’en donne Jacques Lecomte :

« la résilience, c’est le fait de rebondir, de se reconstruire après un ou des traumatismes »

J’aime particulièrement sa réflexion par rapport aux « résilients ». En effet, il est un peu gêné avec ce terme, car, selon lui, la résilience est un processus qui comporte des hauts et des bas et non un statut ou un état stable et définitif.

Quels sont les liens facilitateurs, constructeurs de la résilience ?

Pour sa thèse en psychologie sur la résilience, Jacques Lecomte a étudié le parcours de vie de personnes maltraitées dans leur enfance qui ont réussi à se reconstruire après un traumatisme et à devenir des parents affectueux. Au cours de ses entretiens, 3 éléments ressortaient clairement :

  • Le lien (l’amour porté par une personne. Qu’elle fasse partie de son entourage ou non)
  • Le sens
  • La loi symbolique (les règles posées par la personne avec qui le jeune est en lien)

La responsabilité du lien et de la loi incombe à la personne qui accompagne et le sens est construit par la personne qui est en train de se reconstruire après un traumatisme, car on ne peut pas imposer à qui que ce soit le sens qu’on a trouvé dans sa propre vie.

En finalité, ces 3 éléments sont la base de l’éducation familiale, voire de tout groupe humain dont les 2 piliers sont : l’amour et les règles.

Sur base de ces 3 éléments, Jacques Lecomte a ensuite réalisé une matrice à 4 quadrants reprise ci-après :

LOI SYMBOLIQUELIEN
FaibleFort
Faible  Négligence      Permissivité
Forte   Autoritarisme      Éducation

L’explication est la suivante :

S’il y a peu de lien et peu de lois, cela donne la négligence. L’enfant grandit sans amour ni repères.

S’il y a peu de lien et beaucoup de lois, cela donne l’autoritarisme

S’il y a beaucoup de lien et peu de lois, cela risque de tourner à la permissivité et au laxisme

La véritable posture, c’est lorsque l’on associe à la fois le lien et la loi symbolique (l’amour et les règles)

Vous aimerez aussi :  Comment faire un mood tracker bullet journal ?

Les composantes du lien qui aident à se reconstruire après un traumatisme

Manifester de l’empathie et de l’affection

Dans ce petit guide, Jacques Lecomte nous partage des témoignages forts de personnes qui ont vécu des choses très difficiles et qui, malgré tout, ont réussi à se reconstruire après un traumatisme.

Comme l’histoire de cette femme qui, lorsqu’elle était petite fille fût abusée par son père alcoolique qui, de plus, la prostituait auprès de ses amis.

Sa mère, quant à elle, l’humiliait en permanence. Sa nourriture était jetée à même le sol et elle n’avait jamais dormi dans un lit jusqu’à ce qu’elle soit prise en charge par les services de protection de l’enfance.

Cette même dame, que Jacques Lecomte a rencontré 45 ans plus tard, lui a exprimé que c’est une personne ordinaire qui lui a permis de changer définitivement sa vie. Il s’agissait simplement de sa maitresse de primaire.

Elle raconte que cette maitresse ne lui a jamais fait de reproche, lui a appris à se coiffer et à se brosser les dents. Elle lui faisait des calculs pendant la récréation, etc.

En quelques mois, elle lui a redonné de l’espoir et du courage et elle lui a permis de voir qu’il existait des adultes qui faisaient autrement que ses parents.

Ce que l’on appelle l’esprit de résilience vient du cœur. C’est l’état d’esprit à l’origine des actes, plus que les actes posés.

D’ailleurs, dans les différents témoignages que Jacques Lecomte a reçus, ce qui revenait le plus souvent était : « je me suis senti(e) aimé(e) ».

Avant d’aller plus loin dans les composantes du lien, arrêtons-nous un instant sur le terme « tuteur de résilience » qui va être utilisé à plusieurs reprises dans ce qui suit.

La plupart du temps, ceux qu’on appelle des tuteurs de résilience ne sauront jamais qu’ils l’ont été. Ils ne sauront jamais qu’ils ont aidé quelqu’un à se reconstruire après un traumatisme.

Pour revenir à l’histoire de la petite fille ci-dessus, au moment où elle vit cette expérience avec sa maitresse d’école, elle ne se dit pas « ça y est, elle est en train de changer ma vie pour le restant de mes jours », mais elle ne fait qu’absorber l’amour.

La maitresse d’école quant à elle, n’a jamais mesuré l’impact qu’elle a eu sur cette enfant jusqu’à ce que, 45 ans plus tard, suite à sa rencontre avec Jacques Lecomte, cette femme eut envie de retrouver son ancienne maitresse pour le lui dire.

Tout le monde peut être tuteur de résilience. Si tu as de l’empathie et un véritable intérêt pour ceux que tu essayes d’aider. Et un certain nombre vont se reconstruire, partiellement grâce à toi.

Vous aimerez aussi :  Comment retrouver la joie de vivre perdue ?

S’intéresser prioritairement aux côtés positifs de la personne en souffrance

Tout l’art des tuteurs de résilience est d’aller voir au-delà des facettes sombres de la personne qui est en face.

Être modeste

Le tuteur de résilience est amené à mettre la personne en souffrance dans toutes ses potentialités bien plus que de se mettre en avant lui-même.

Laisser à la personne la liberté de parler ou de se taire

Durant de nombreuses années, les victimes devaient se taire. Depuis une vingtaine d’années, c’est la tendance inverse qui s’est développée et on ne peut que s’en réjouir.

Jacques Lecomte attire malgré tout l’attention sur le fait qu’il faut faire attention de ne pas passer d’un extrême à l’autre et se base sur des travaux en psychologie et de psychothérapie qui démontrent qu’après un traumatisme, il n’est généralement pas bon d’en parler tôt et profondément au point que même l’Organisation mondiale de la santé déconseille cette pratique aux psychiatres intervenants dans des situations de catastrophe.

Être patient

Cela va de soi, mais il est bon de rappeler que la résilience peut prendre des semaines, des mois ou même des années.

Ne pas se décourager face aux « échecs »

Le parcours de résilience est non linéaire, il est tissé de haut et de bas. Le tuteur de résilience ne peut pas considérer un échec si la personne qu’il accompagne « rechute », car cela ne veut pas dire qu’elle vit un échec, mais juste une période de basse résilience.

Respecter le parcours de résilience d’autrui

Au travers de témoignages relativement proches, Jacques Lecomte a réalisé que les parcours de résilience pouvaient être extrêmement différents. Que ce soit dans le sens que trouvent les personnes résilientes tout comme dans leurs manières de gérer leurs parcours.

Faciliter l’altruisme chez les autres

Des recherches ont montré que l’une des meilleures manières d’aider les gens, c’est de les aider à aider les autres.

Éviter les gentilles phrases qui font mal

Certaines phrases d’apparence gentilles et qui partent d’une bonne intention peuvent vraiment être reçues de manière violente chez les personnes en souffrance. Dans son livre, Jacques Lecomte en donne 2 exemples :

  • Il faut oublier
  • Oublie tout cela
  • N’y pense plus, ça te fait du mal

La résilience ne se construit pas sur l’amnésie. La mémoire souffrante se transformera au fil du temps en mémoire de la souffrance, mais pourquoi demander à oublier ? De nombreux témoignages attestent à quel point ces petites phrases font mal et mon expérience personnelle en atteste également.

Pour découvrir un de mes témoignages de résilience, je vous invite à lire cet article

Dans le même ordre d’idée, ce n’est pas parce qu’une personne qui a vécu une souffrance en parle qu’elle rabâche le passé d’une manière malsaine.

  • C’est dur, je me mets à votre place
Vous aimerez aussi :  Comment faire confiance en la vie

Cette phrase est également reçue de manière violente par la personne qui souffre. En effet, qui peut prétendre se mettre à la place d’une personne qui a subi un viol ou d’une maman qui a perdu son enfant ? Personne ! à moins de l’avoir vécu soi-même. Pour pallier à ça, Jacques Lecomte donne une variation intéressante de cette phrase à l’origine empathique qui est : « J’ai du mal à imaginer quel point cela a dû vous faire souffrir ».

La bonne proximité humaine

En tant que professionnel, il est important de ne pas mélanger son univers professionnel et personnel et en même temps, comme la résilience se construit sur le lien de personne à personne, il est difficile de ne pas s’ouvrir un peu à l’autre. D’autant que le professionnel va creuser la vie de la personne en face de lui.

Pour mettre de l’ordre dans cette relation délicate, Jacques Lecomte parle de « notre commune humanité ». Selon lui, c’est de cette zone que peut émaner la résilience. Cette zone peut se déplacer en fonction des personnes accueillies, des circonstances et même de l’humeur du jour. Cette posture est bien plus enrichissante pour les 2 intéressés.

Jacques Lecomte cite en exemple Alexandre Jolien qui a passé toute sa jeunesse dans des centres pour handicapés mentaux alors que ses capacités intellectuelles ne sont aucunement atteintes malgré ses difficultés d’expressions et ses gestes mal coordonnés. Dans une interview qu’il a donnée dans le cadre d’un reportage pour la télévision suisse romande, Alexandre Jolien a exprimé que ce dont il a le plus souffert, c’est justement la distance professionnelle.

Ce qui a tout particulièrement retenu mon attention dans ce petit guide est la réflexion très pertinente de Jacques Lecomte par rapport aux « gentilles phrases ». Pour ma part, je fais partie de ceux qui en ont fait l’expérience désagréable.

Pour terminer, Jacques Lecomte répond à plusieurs questions qui lui ont été posées lors d’une conférence-débat sur le même thème. Ce complément vivant et très intéressant apporte quelques pistes supplémentaires pour tous ceux souhaitant se mettre au service de personnes en souffrance.

Finalement, dans son petit guide, Jacques Lecomte remet en évidence l’importance du lien tout en appuyant sur le fait que cela est un état d’esprit plus qu’une recette ou une sorte de code à apprendre par cœur.

En résumé, pour se reconstruire après un traumatisme, la personne souffrante a besoin de se sentir aimée et soutenue tout en étant maintenue dans un cadre composé de « lois symboliques ». Elle a besoin de se sentir libre de s’exprimer ou non et décidera elle-même du sens qu’elle souhaite donné à ce qui lui est arrivé. Ayant moi-même été dans de nombreux processus de résilience, le plus grand étant celui lié à la perte de ma fille, je ne peux que confirmer la justesse des propos de Jacques Lecomte

Si tu souhaites aller plus loin sur ce sujet, tu peux commander le petit guide en cliquant ici ou sur l’image

Et vous, quelle note donnez-vous ?
Julie
Les derniers articles par Julie (tout voir)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *